
Que sont vraiment les troubles bipolaires ?
Un trouble psychiatrique mal connu
Les troubles bipolaires ne sont pas de simples sautes d’humeur. Ils font partie des troubles de l’humeur les plus complexes à diagnostiquer et à traiter. Pourtant, en France, près de 3 % de la population serait concernée. Cette affection chronique se manifeste par des variations d’humeur intenses, alternant entre phases d’euphorie excessive (manie ou hypomanie) et épisodes de dépression profonde. Mais les signes ne sont pas toujours évidents, ce qui explique des retards fréquents au moment du diagnostic.
Démêlons les idées reçues et faisons le point sur les causes, les symptômes et les traitements disponibles, à la lumière des travaux menés notamment par l’Institut du Cerveau, engagé dans la recherche clinique et fondamentale sur ces troubles.
Comment se manifeste un trouble bipolaire ?
Le trouble bipolaire se caractérise par une alternance entre deux pôles émotionnels :
- les phases de manie (ou hypomanie, dans les formes atténuées) se traduisent par une exaltation de l’humeur, une hyperactivité, une prise de risques inhabituelle, une réduction du besoin de sommeil ;
- les épisodes dépressifs s’accompagnent de tristesse intense, de fatigue, de repli sur soi, voire d’idées suicidaires.
Entre ces phases, la personne peut connaître des périodes d’humeur stable, appelées « euthymie ».
Il existe plusieurs formes de troubles bipolaires :
- le trouble bipolaire de type I (présence d’au moins un épisode maniaque) ;
- le type II (alternance d’hypomanies et de dépressions sévères) ;
- et les formes cyclothymiques (fluctuations de l’humeur moins marquées, mais persistantes).
Le trouble bipolaire est-il héréditaire ?
Contrairement à ce que l’on pense souvent, le trouble bipolaire n’est pas directement « transmis » de parent à enfant. Toutefois, il existe bel et bien une composante génétique. D’après les recherches de l’Institut du Cerveau, le risque de développer un trouble bipolaire est plus élevé lorsqu’un parent du premier degré est atteint.
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Des mutations sur plusieurs gènes, combinées à des facteurs environnementaux comme le stress ou un traumatisme, peuvent jouer un rôle déclencheur.
Un diagnostic parfois long à établir
Le diagnostic repose sur une évaluation clinique approfondie, souvent menée par un psychiatre. Un des pièges fréquents est de confondre un trouble bipolaire avec une dépression unipolaire, en particulier si les épisodes d’hypomanie sont passés inaperçus ou minimisés. En moyenne, il s’écoule encore plusieurs années entre l’apparition des premiers symptômes et la mise en place d’un traitement adapté.
L’Institut du Cerveau participe à des recherches visant à développer des outils d’aide au diagnostic, en intégrant notamment l’imagerie cérébrale, les données comportementales et la modélisation des épisodes.
Quelles sont les options de traitement aujourd’hui ?
Les troubles bipolaires nécessitent une prise en charge au long cours. Le traitement repose généralement sur :
- un thymorégulateur (stabilisateur de l’humeur) comme le lithium, la lamotrigine ou le valproate ;
- des antidépresseurs ou antipsychotiques, selon les phases traversées ;
- un accompagnement psychothérapeutique (TCC, psychoéducation, soutien familial).
Il ne s’agit pas de « guérir », mais de limiter les rechutes, stabiliser l’humeur et améliorer la qualité de vie du patient. Une bonne observance du traitement, la régularité des horaires de sommeil et la réduction du stress jouent un rôle important dans l’évolution de la maladie.
Mieux comprendre pour mieux vivre avec
Les troubles bipolaires ne doivent pas être assimilés à un comportement instable ou capricieux. Ce sont des troubles neurobiologiques qui nécessitent une approche thérapeutique globale. De nombreux patients mènent une vie active et équilibrée, à condition d’être bien accompagnés.
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Informer, diagnostiquer plus tôt, réduire la stigmatisation : autant de leviers pour améliorer la prise en charge de cette affection invisible.